Tripoli,Libye, 11 juin (Infosplusgabon) – Les actes d’hostilité entre l’armée loyale au gouvernement d’union nationale et les forces de soutien et les troupes de l’armée nationale libyenne dirigée par Khalifa Haftar se sont poursuivis ce mardi près de Syrte (450 km est de Tripoli) soumise au pilonnage des forces gouvernementales, signe d’un rejet de l’initiative de règlement de la crise en Libye annoncée par le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a présenté samedi en présence du président du Parlement libyen, Aguila Saleh, et du chef de l’armée libyenne basée à l’Est, le maréchal Khalifa Haftar, une initiative baptisée “Déclaration du Caire” pour résoudre la crise libyenne portant, entre autres, sur la proclamation d’un cessez-le-feu le 8 juin 2020, et l’élection d’un Conseil présidentiel par les Libyens sous la supervision des Nations unies.
Les bombardements d’artillerie sur les zones de Wadi Jarif, au sud-ouest de Syrte, se sont renouvelés ce mardi sans faire de victimes, selon des sources concordantes.
Les mêmes sources ont souligné un nombre croissant de personnes déplacées de la région fuyant les zones soumises au bombardement.
Dopées par les récentes victoires contre les troupes de Haftar qui se sont entièrement effondrées dans l’Ouest du pays d’où elles ont été complètement chassées, les forces du gouvernement d’union nationale veulent parachever leur succès et éradiquer “les rebelles où qu’ils se trouvent dans le pays”.
Cette position reflète la réaction du président du Conseil présidentiel, Fayez al-Sarraj qui a encouragé les forces de l’armée gouvernementale qui combattent à Syrte, à poursuivre leurs efforts pour libérer tout le territoire de la Libye de l’emprise des mercenaires et rebelles au moment de l’annonce de l’initiative du président al-Sissi.
A noter que le président égyptien compte parmi l’un des principaux alliés, aux côtés des Emirats arabes unis, au camp de Haftar et ne peut pas prétendre jouer à la neutralité dans le conflit actuel en Libye.
On rappelle que le maréchal Khalifa Haftar a lancé le 4 avril 2019 une offensive militaire pour prendre le contrôle de Tripoli, la région de l’Ouest et renverser le gouvernement d’union nationale, reconnu par la communauté internationale.
Quinze mois après cette offensive qui a tué des centaines de civils et blessé autant d’autres, contraignant plus de 300.000 personnes à quitter leurs foyers situés dans les zones de combats, les troupes de Haftar ont été battues à plate couture, abandonnant une après une les positions qu’elles occupaient, après avoir été freinées dès le début à la périphérie de Tripoli par les unités de l’armée gouvernementale.
Des maisons ont été détruites des aéroports bombardés, privant les gens de moyen de transport aérien pour les cas d’urgence et les civils terrorisés avec le tirs aveugles de roquettes, missiles Grad et autres obus contre des quartiers résidentiels à Tripoli.
Cette situation explique les réticences du camp du gouvernement d’union nationale à accepter facilement d’abandonner à un doigt de la victoire totale alors que l’autre camp avait refusé catégoriquement durant des mois, d’accepter toutes les initiatives, médiations et bons offices en privilégiant l’option militaire.
Il faut noter que l’initiative du président égyptien qui reprend une proposition du président du Parlement libyen basé à Tobrouk (est) , Aguila Salah, a été favorablement accueilli par de nombreux pays.
A défaut de pourvoir faire l’unanimité des belligérants libyens, elle aura permis de relancer l’intérêt de la communauté internationale pour la Libye appuyée par les récents développements militaires sur le terrain marqués par les victoires du camp du gouvernement d’union nationale.
Ainsi les contacts se sont multipliés entre les dirigeants du monde, impliquant les présidents américain Donald Trump, turc, Recep Erdogan, la Chancelière allemande, Angela Merkel, algérien Abdelmajid Tabboune, russe Vladimir Poutine et le roi Salman bin Abdelaziz et autres leaders et responsables qui ont discuté de la nécessité d’une cessez-le feu en Libye et de la reprise du processus politique.
Le principal défi qui se pose actuellement est de faire taire les armes pour que les pourparlers sérieux puissent être entamés afin de trouver une issue rapide à la crise libyenne, estiment les analystes.
Ces mêmes analystes qui affirment que les cadres pour entamer un dialogue inter-libyen sont nombreux, en l’occurrence, l’accord politique libyen de Skhirat, les recommandations de la Conférence de Berlin, en particulier la Commission mixte militaire 5+5, ou l’initiative du président al-Sissi.
Selon eux l’important est de s’accorder rapidement pour commencer les discussions pour un règlement politique afin de mettre fin aux souffrances des Libyens qui ont enduré plus de neuf ans les pires difficultés dans leur vie.
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