Dakar, Sénégal, 25 octobre (Infosplusgabon) – Le directeur régional du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Mabingué Ngom, a plaidé mercredi à Dakar pour une accélération de la lutte contre le mariage des enfants en se félicitant toutefois des avancées enregistrés dans certains pays.
«Si nous continuons à ce rythme, nous allons mettre 100 pour éradiquer le mariage des enfants. Si nous voulons respecter l’échéance de 2030 nous devons aller huit fois plus vite. Nous devons accélérer la cadence», a-t-il déclaré au cours d’un entretien.
«Nous devons mettre en exergue les bonnes pratiques et les amplifier. Il faut des actions d’envergure si nous voulons gagner la lutte contre les mariages précoces», a-t-il ajouté.
Parmi ces «actions d’envergure», M. Ngom préconise une approche plus didactique qui implique davantage tous les segments de la société en tenant compte des réalités socio-culturelles.
«Il faut un argumentaire plus convainquant. Il fait expliquer, sensibiliser les communautés pour les amener à comprendre et à accepter les changements voulus en sachant qu’ils sont nécessaires, ont de la valeur pour elles et vont améliorer leur sort. Nous devons faire en sorte que les communautés s’approprient la lutte», a estimé le directeur régional de l’UNFPA.
M. Ngom a salué le déroulement de la conférence de Dakar sur le mariage des enfants en Afrique de l’Ouest et du Centre qui prend fin ce mercredi après trois jours de travaux.
«La rencontre de Dakar a été une bonne chose et elle s’est bien déroulée. Elle nous a permis réunir les grands décideurs, de procéder à des échanges d’expériences et de repositionner la question sur le mariage des enfants au niveau national et international», a-t-il dit.
Comme la plupart des participants à la conférence de Dakar, M. Ngom estime que la scolarisation des filles est un moyen efficace de lutter contre les mariages précoces.
«Je crois que l’éducation est une solution miracle qui peut valoriser la femme. Elle règle la question du mariage des enfants, le problème des grossesses précoces, mais aussi tous les problèmes liés à la santé de la reproduction», a déclaré le responsable de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
M. Ngom est convaincu que la lutte contre le mariage des enfants passe par un engagement politique plus affirmé des Etats et une coopération internationale.
«Pour gagner cette bataille nous devons établir des partenariat à tous les niveaux et regarder ensemble dans la même direction. Il faut une volonté politique assez forte, des ressources financières conséquentes et une plus grande solidarité internationale», a-t-il dit.
La conférence, qui prend fin ce mercredi, a débuté lundi en présence du Premier ministre du Sénégal, Mouhamed Boun Abdallah Dione, des Premières dames du Burkina Faso, Mme Sika Bella Kaboré, et de la Sierra Leone, Mme Sia Nyama Koroma.
Des représentants de l’Union africaine (UA), du Système des Nations unies et de la commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) prennent par à la rencontre qui s’inscrit dans l’agenda politique de l’UA pour mettre fin au mariage des enfants sur le continent.
La conférence regroupe les représentants des gouvernements des pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, des leaders communautaires et religieux, des représentants de la société civile, des jeunes et des représentants des pays donateurs.
Des discussions il ressort la nécessité d’accélérer la lutte contre le mariage des enfants, la scolarisation des filles et l’harmonisation des lois nationales avec le Protocole de Maputo (du nom de la capitale du Mozambique) adopté en 2003 par l’Union africaine (UA) dont l’article six interdit le mariage précoce.
Entré en vigueur depuis 2005, ce protocole qui est à ce jour ratifié par 39 pays, fixe l’âge minimum de mariage pour une fille à 18 ans, alors que sur le continent cette majorité varie d’un pays à un autre.
Elle est de 21 ans au Rwanda, de 16 ans au Sénégal, de 18 ans dans certains pays dont la République centrafricaine, de 15 ans au Gabon et de 18 ans en Gambie depuis l’année dernière.
Selon les données officielles, en Afrique 40% des femmes mariées l’ont été avant l’âge de 18 ans alors qu’elles représentent 03% en Algérie, 37% au Sénégal et 76% au Niger.
La conférence de Dakar est organisée par le gouvernement du Sénégal, en collaboration avec une coalition d’organisations du Système des Nations unies et de la société civile.
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