Abidjan, Côte d’Ivoire, 24 octobre (Infosplusgabon) – L’Institut pour les études de sécurité (Iss), un think tank basé à Pretoria, a estimé, mardi, dans un communiqué, que la progression régulière des meurtres et des vols à main armée qui montre que la police sud-africaine éprouve des difficultés à éradiquer les crimes violents, est largement tributaire d’une ingérence politique inappropriée au sein de ce service public.
L’Iss a réagi à la présentation des statistiques annuelles sur les crimes de la South Africa Police Service (Saps) devant le Parlement, relevant que l’administration du Président Jacob Zuma s’est soldée par une profonde détérioration du maintien de l’ordre qui a abouti à une chute notable de l’indice de sécurité publique.
Même si l’Iss reconnaît les efforts louables de beaucoup de policiers compétents et intègres, il note que l’origine des crises dans le maintien d’ordre et la recrudescence du crime est l’échec du Président Zuma de nommer un homme ou une femme hautement expérimenté et intègre comme chef de la Saps.
Selon le chef du programme justice et prévention de la violence de l’Iss, Gareth Newham, les ingérences politiques actuelles à tous les niveaux hiérarchiques de la Saps ont considérablement affaibli ce service public. Il cite comme exemple la protection politique du Président Zuma en faveur du lieutenant-général Richard Mdluli, chef de la division des renseignements sur le crime, qui a écopé d’une suspension de six ans et qui perçoit son salaire et les avantages en dépit d’une poursuite pénale pour meurtre et corruption.
La protection accordée au lieutenant-général Mdluli a gravement min2 et compromis les capacités de la police en matière de renseignements sur le crime, a souligné M. Newham.
“Ceci explique pourquoi la police ne peut éradiquer de manière adéquate les syndicats de crime organisé, responsables des braquages de véhicules et de la violence des gangs”, a-t-il ajouté.
Pour lui, la Saps ne peut opérer professionnellement que si l’on considère comme inappropriées les ingérences politiques qui favorisent certains officiers du fait de leur loyauté politique au mépris de leur conduite et de leurs compétences.
Si l’ingérence politique cesse, les Sud-africains ont de bonnes raisons d’attendre de meilleurs résultats de la police, soutient M. Newham.
“La police dispose de suffisamment de commissaires compétents et opérationnels, de ressources et de la technologie pour efficacement démanteler les violents syndicats du crime et les gangs. Toutefois, il lui faut un bon leadership pour que cela soit effectif”, a commenté M. Newham.
L’Iss et Corruption Watch appellent à un changement dans le processus de nomination du chef de la Saps, en exhortant le Président Zuma à se conformer aux directives contenues dans le Plan national de développement adopte par le gouvernement en 2012 pour nommer le chef de la police sur les critères de compétence, d’expérience et d’intégrité et non de loyauté politique.
L’ISS préconise que la police a urgemment besoin d’améliorer ses capacités dans les enquêtes criminelles, dans la collecte de preuves et dans l’arrestation des auteurs de crimes.
De même l’ISS qui observe une différence dans les données fournies par la Saps et celles de la Victims of Crime Survey (VoCS), encourage une collaboration étroite entre la police, l’Institut de la statistique et les organisations de la société civile pour collecter des données fiables afin de lutter efficacement contre le crime.
Par ailleurs, l’Iss déplore que la corruption, qui est un délit pénal et une menace pour l’économie et la cohésion sociale en Afrique du Sud, ne figure pas dans ces statistiques annuelles.
Les statistiques annuelles de la Saps qui couvrent la période d’avril 2016 à mars 2017 montrent une progression de 1,8 pour cent des meurtres avec 52 personnes tuées en moyenne chaque jour. Le taux de meurtre a augmenté de 13,3 pour cent au cours des cinq dernières années.
Quand les vols à main armée ont accru de plus de 6,4 pour cent, en passant de 8429 cas à 140 956 cas.
Pour les attaques à domicile, elles sont passées de 1523 incidents enregistrés à 22 343, soit plus de 7,3 pour cent.
Enfin, les braquages de véhicules ont grimpé de 14,5 pour cent en une année et 77,5 pour cent au cours des cinq dernières années.
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