Tripoli, Libye, 13 octobre (Infosplusgabon) – Après une brève mission en Libye, le Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, a déclaré jeudi que le gouvernement “peut et devrait” mener des actions urgentes contre la détention arbitraire, la torture et d’autres violations graves dans ce pays d’Afrique du Nord déchiré par la crise.
“Aucun Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme n’a jamais fait une visite officielle pour discuter de la situation des droits de l’homme en Libye à l’époque de Mouammar Kadhafi ou dans les années qui ont suivi la fin de son régime dictatorial”, a noté M. Zeid dans un communiqué publié par son bureau à la fin de sa mission.
Le Haut Commissaire s’est rendu en Libye pour une journée sans avoir annoncé la visite à l’avance pour des raisons de sécurité.
Il s’est entretenu avec le Premier ministre libyen, Fayez Serraj, les ministres de la Justice et de l’Intérieur et le chef du département chargé de la gestion des centres de détention pour migrants.
M. Zeid a également pu faire de brèves visites dans l’une des principales prisons du pays et dans un camp de déplacés internes.
“Mon voyage a été éclairé par une réunion très utile avec la société civile libyenne et les femmes défenseurs des droits de l’homme”, a-t-il déclaré.
Malgré les grands espoirs qui ont suivi la révolution de 2011, la situation des droits de l’homme en Libye continue d’être marquée par des abus généralisés et des violations perpétrées en toute impunité par toutes les parties au conflit, a-t-il indiqué, expliquant que “des milliers de personnes sont arbitrairement détenues dans des centres de détention à travers le pays, certains depuis le conflit armé de 2011, dont beaucoup sont soumis à la torture et aux mauvais traitements. “
Il a ajouté que les groupes armés tuaient et détenaient illégalement des civils et des combattants en otage.
“Des hommes, des femmes et des enfants civils sont tués et blessés chaque semaine par l’utilisation aveugle d’armes […] Pourtant, ces aspects de la situation des droits de l’homme en Libye font rarement la une des journaux “, a-t-il noté.
Les Libyens déplacés et les représentants de la société civile rencontrés par le Haut Commissaire lui ont présenté une image claire des graves abus commis par les groupes armés et de l’impunité dont ils jouissent actuellement.
“Les actions des groupes armés entravent des progrès significatifs vers la stabilité, le développement et la paix dans le pays”, a souligné M. Zeid.
En Libye, le patron des droits de l’homme s’est également entretenu avec les autorités de la situation alarmante des migrants dans le pays.
“J’appelle le gouvernement à établir des alternatives à la détention en Libye, à mettre fin à la pratique de la détention arbitraire et à signaler les abus commis contre les migrants dans les centres de détention”, a-t-il lancé.
Dans l’ensemble, il a déclaré que si les défis auxquels sont confrontés les droits de l’homme en Libye sont “massifs”, ils ne sont pas insurmontables.
Dans le même temps, il a reconnu que l’effondrement à grande échelle du système judiciaire, le pouvoir et l’influence des groupes armés et les nombreux défis auxquels le gouvernement est confronté étaient très réels.
“Mais le gouvernement peut et devrait diriger. Il peut commencer à combattre la pratique de la détention arbitraire et à reprendre les pouvoirs conférés aux groupes armés. La situation dans les centres de détention peut être abordée “, a déclaré M. Zeid, soulignant qu’un effort concerté du gouvernement et de toutes les parties prenantes, y compris l’ONU et la communauté internationale, peut changer et améliorer la situation.
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