Le Parlement tunisien rejette une motion réclamant des excuses à la France

Tunis, Tunisie, 11 juin (Infosplusgabon) – Le Parlement tunisien a rejeté, dans la nuit de mardi à mercredi, une motion présentée par la “Coalition Al Karama” (La dignité), un groupe radical qui dispose de 19 députés sur les 217 élus que compte l’Assemblée, réclamant de la France des excuses pour “les crimes perpétrés pendant la période coloniale et après”.

 

 

 

La motion n’a recueilli que 77 voix pour, 46 abstentions et 5 voix contre.

 

Pour être adoptée, elle devait obtenir la majorité absolue, soit 109 voix.

 

La France a occupé la Tunisie pendant 75 ans, allant de 1881, date de la signature de ce qui a été appelé “le protectorat”, jusqu’à l’indépendance du pays, en 1956.

 

Les soldats français n’ont quitté le territoire tunisien qu’en 1963, après l’évacuation de la base militaire de Bizerte, suite à un bombardement de la ville par l’aviation française qui a fait 6.000 morts, la plupart des civils, selon les chiffres officiels.

 

Les auteurs de la motion exigeaient des “excuses officielles et publiques de l’Etat français pour les crimes, les assassinats, la torture, les viols, les déportations forcées et le pillage des ressources naturelles” de la Tunisie durant cette période.

 

Ils réclamaient, en outre, “des dédommagements pour l’Etat tunisien et pour tous ceux qui ont subi les affres de la colonisation”.

 

Selon eux, le but est de “tourner la page de cette période sombre” dans l’histoire des deux pays et de “renforcer les relations historiques et solides entre les peuples tunisien et français”.

 

La motion a donné lieu à un débat marathonien et passionné, qui s’est poursuivi pendant plus de 14 heures.

 

“Nous ne sommes animés ni de rancune ni de haine, mais de telles excuses permettront de cicatriser les plaies du passé”, a tempéré le président d’Al Karama, l’avocat Seifeddine Makhlouf, face aux critiques suscitées par son initiative même parmi les députés du parti islamiste “Ennahdha”, dont il est proche.

 

Il s’est fondé sur l’exemple de l’Allemagne, qui a présenté des excuses à la France après l’occupation nazie, notant que les deux pays “sont aujourd’hui des alliés et les premiers partenaires en Europe”.

 

Mais, son intervention a provoqué une levée de boucliers d’un grand nombre de députés, lorsqu’il s’est attaqué au premier président de la Tunisie, Habib Bourguiba, en le qualifiant de “valet de la France”.

 

“Nous sommes pour la plupart les enfants de Bourguiba, qui a conduit la lutte de libération du pays après de longues années d’emprisonnement et de déportations et bâti la Tunisie moderne en généralisant l’enseignement et en émancipant la femme”, s’est emporté le député du parti d’opposition “Tahya Tounes” (Vive la Tunisie), Mustapha Ben Ahmed.

 

Le dirigeant d’Ennahdha, Ali Larayedh a, lui aussi, estimé que la motion était de nature à nuire aux intérêts de la Tunisie,  sachant que la France est son premier partenaire économique et son premier investisseur.

 

“La France est le seul des principaux partenaires avec laquelle la Tunisie enregistre un excédent commercial et qui abrite plus d’un million de Tunisiens sur son sol”, a renchéri, le président du parti destourien libre (PDL/opposition), Abir Moussi.

 

D’autres élus ont jugé “le moment inopportun” de présenter cette motion, eu égard à la crise économique et sociale aiguë que traverse la Tunisie avec un taux de chômage élevé (plus de 15%) et une bonne partie de la population qui ploie sous la pauvreté.

 

“Ce n’est pas avec de telles motions que nous allons nourrir les Tunisiens”, a clamé Oussama Khelifi du parti de l’opposition “Qalb Tounes” (Au coeur de la Tunisie).

FIN/ INFOSPLUSGABON/BOL/GABON2020

 

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