Gabon-Economie-Coopérative agricole de Kayié-Manioc
LIBREVILLE, 29 octobre (Infosplusgabon) – L’agriculture gabonaise redécolle dans un village qui cultive du manioc au Sud-Est du Gabon et qui vient de se doter de sa première usine de transformation mécanisée du manioc importée du Japon. Pour le coordinateur de ce projet qui s’étend sur plusieurs milliers d’hectares, Alexis Ndouna, il s’agit pour les villageois de la Coopérative agricole de Kayié (Coopak), de passer rapidement au stade de l’industrialisation pour le traitement du manioc puis à la commercialisation après transformation de ses dérivés, partout en Afrique.
Après un long déclin agricole ayant favorisé des importations massives de produits agricoles en provenance de la sous-région et d’autres pays étrangers, le Gabon, par sa pluviométrie importante et l’étendue de ses terres cultivables, remplit les conditions pour développer une agriculture industrielle. Le récent salon international de l’Agriculture qui s’est tenu à Libreville du 21 au 27 octobre 2013, a montré l’éventail et la diversité des cultures à valoriser au Gabon mais non sans une réelle volonté politique des dirigeants qui devraient investir dans ce secteur. Le Gabon importe environ 300 milliards de francs CFA de produits alimentaires chaque année alors qu’il peut en produire sur place. Ce paradoxe qui sévit depuis un demi-siècle a contraint la Coopérative agricole de Kayié (Coopak), dans le Sud-Est du pays, de faire le pari de combler la demande nationale en manioc, notamment, et surtout de transformer le manioc sur place en ses dérivés avant de les exporter.
Si le Gabon dispose de 24 millions d’hectares de forêts et une population de 1,5 million d’habitants, les échanges commerciaux, notamment alimentaires, entre ce petit pays pétrolier et ses voisins souffrent de profonds déséquilibres car le Gabon dépend en majorité d’eux pour son ravitaillement en produits alimentaires : banane, manioc, igname, riz, maïs, légumes, fruits, plantes aromatiques, viande fraîche, volaille…. .
La diversité des produits dérivés du manioc
Le manioc récolté sous forme de tubercule peut être transformé en une variété de produits consommables : farine, Attiéké, tapioca, « chips » de manioc séché, foufou, farine, pate, etc. Jadis transformés par voies traditionnelles, le traitement du manioc s’accompagne aujourd’hui de techniques industrielles. Les principaux pays producteurs sont le Nigeria (35 % de la production africaine totale et 19 % de la production mondiale), la République démocratique du Congo (RDC), le Ghana, la Tanzanie et le Mozambique.
L’introduction de l’amidon dans les industries du Nigeria a transformé le potentiel agro-industriel dumanioc. Utilisé comme ingrédient dans les produits alimentaires manufacturés (aliments pour bébé, confiserie, alcool) et dans l’industrie non alimentaire (colle, adhésif, colle à papier, amidon pour textile, etc.), il est aussi largement utilisé comme agent épaississant dans les soupes et pour la lessive. De façon plus traditionnelle, l’amidon de manioc est utilisé dans d’autres pays (Sierra Leone et Bénin par exemple), notamment pour rigidifier les vêtements ou être consommé sous forme de tapioca. Il est également possible d’en extraire de l’amidon. L’un des objectifs de la coopérative est de mobiliser les jeunes du village Kabaga-Bayi à s’y implanter pour se consacrer pleinement à l’agriculture.
La culture du manioc, fer de lance de l’agriculture à Kabaga
La culture du manioc, sur de vastes étendues sablonneuses, représente depuis peu, après le café et le cacao, la principale activité de la Coopak. 650 villageois venus de Yia, Ekalla, Souba, Leconi et Bongoville s’activent pour faire prospérer la culture du manioc malgré des routes difficiles d’accès qui mettent les camions à rude épreuve. Malgré des difficultés logistiques également, la Coopak poursuit le développement de ses champs de manioc qui devraient bientôt s’étendre sur 5000 hectares en 2014.
Depuis, l’espoir renait grâce à une agriculture durable nécessitant que les acteurs se concentrent au cœur de leur métier qu’est la production agricole. Le fonctionnement de la Coopak s’adosse parfois à l’économie sociale et solidaire. Unir les forces et chercher l’aide de nouveaux partenaires à travers une assistance technique, le conseil et l’implication des bailleurs de fonds, c’est ce que souhaite Alexis Ndouna, le coordinateur de ce projet durable qui aspire à trouver de nouvelles solutions à travers sa vision globale. « La demande en manioc est là et l’engouement des agriculteurs du canton Kayié n’est pas en reste », nous assure-t-il.
La Coopak est une composante de Nao Group Holding Company qui s’efforce à générer de la prospérité économique, de contribuer à la protection sociale et de mener une gestion durable de l’environnement. Ceci, pour assurer la création des valeurs réelles pour tous, sur le long-terme. La Coopak est à la fois un outil d’intégration et un réservoir d’emplois qui limite l’exode des villageois vers les grandes villes. A travers les activités agricoles, ce sont au minimum 650 personnes qui cultivent le manioc, un aliment essentiel dans la chaine alimentaire de bon nombre d’Africains.
La Coopak produit, outre le manioc, le cacao, le café, l’igname, l’ananas, les arbres fruitiers, etc. La coopérative est fondée sur une croissance responsable en matière de développement durable. Sa démarche est également d’exercer son métier de gestionnaire de la chaîne d’approvisionnement intégrée et transformateur de produits agricoles, d’ingrédients alimentaires et produits alimentaires de manière responsable envers l’environnement et les communautés locales.
Comment cultive-t-on le manioc ? (Encadré)
Le manioc est une plante vivrière rustique que l’on trouve au Gabon dans la zone tropicale humide. C’est une plante à racine et tubercule amylacé dont l’Afrique est le plus gros producteur avec plus de 110 millions de tonnes. La quasi-totalité de la production Africaine est consommée localement : c’est donc une culture de subsistance. Le manioc est un produit stratégique dans la lutte contre l’insécurité alimentaire en Afrique. Les nombreux produits dérivés du manioc à savoir : La farine, les cosettes, le gari, l’attiéké, les granulés, le tapioca… témoigne de son importance. Le but de la Coopak est de vulgariser les techniques culturales de cette racine importante afin de booster sa production. Le manioc se développe bien sur les sols argilo-sableux, profonds, souples et riches en matières organique. Les sols hydromorphes (gorgés d’eau et mal drainés) sont à éviter dans la culture du manioc. La préparation du sol dépend du mode de culture. Pour les cultures manuelles, il faudra défricher, brûler, labourer, butter ou billonner. En cas d’une exploitation mécanisé, il faut gyrobroyer, labourer, pulvériser et billonner. Le planting se fait en début de saison des pluies. Lorsque le sol est fatigué on peut planter 10 000 pieds par hectare (1 m x 1 m), Lorsque le sol est fertile (après forêt ou jachère de longue durée), planter 12 500 pieds par hectare (1 m entre les lignes et 0,8 m entre les plants sur la même ligne), voire 15 625 pieds par hectare (0,8 m x 0,8 m). La protection des plants contre les maladies (La mosaïque africaine, L’anthracnose, La bactériose, Les acariens, Les cochenilles) réside dans le choix de boutures saines, de variétés résistantes et de la propreté de la parcelle. La récolte se fait en saison sèche, 12 à 20 mois après la plantation. Les tiges sont conservées horizontalement ou verticalement dans un endroit ombragé et aéré. Quant aux racines tubérisés récoltés, on peut les conserver en sac en jutes ou à l’intérieur de tranchés sous un hangar.
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