New York, Etats-Unis, 20 juin (Infosplusgabon) – La Procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, a exhorté le Conseil de sécurité de l’ONU à saisir cette occasion pour rendre enfin justice aux victimes de la violence au Darfour et à ceux qui ont souffert de la répression militaire brutale du début du mois.
“Le moment est venu d’agir. Le moment est venu pour le peuple soudanais de choisir la loi, plutôt que l’impunité, et de faire en sorte que les suspects de la CPI dans la situation au Darfour soient enfin traduits en justice devant un tribunal “, a-t-elle déclaré au Conseil à New York, selon un communiqué de l’ONU.
Elle a déclaré que le Conseil avait maintenant une ” occasion unique de s’attaquer de manière décisive et efficace “aux torts commis par les forces de sécurité alignées sur l’ancien président Omar el-Béchir dans la région du Darfour entre 2003 et 2008, lorsque quelque 300.000 civils ont été tués et 2,7 millions chassés de leurs foyers, selon les chiffres des Nations unies.
Elle a également appelé à la cessation immédiate de la violence contre les civils dans la capitale, Khartoum, et ailleurs, depuis la vague d’attaques du 3 juin contre les manifestants appelant à un retour au pouvoir civil, en opposition au Conseil militaire de transition (CMT) au pouvoir.
Tous les mandats d’arrêt contre les cinq suspects accusés de crimes graves relevant de la compétence de la CPI – génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité – restent en suspens, a-t-elle déclaré devant les membres.
Le président destitué El-Béchir, ainsi que deux autres personnes, seraient maintenant en détention, a-t-elle dit, et seraient légalement tenus d’être transférés par le CMT.
Ce n’est que s’ils sont disposés à les poursuivre pour les mêmes crimes qu’ils pourront rester au Soudan, a-t-elle indiqué.
“Je suis prête à engager un dialogue avec les autorités soudanaises pour faire en sorte que les suspects au Darfour soient traduits devant une justice indépendante et impartiale, soit dans une salle d’audience à La Haye, soit au Soudan “, a déclaré la Procureure.
“L’impunité continue n’est pas une option. Les victimes de la situation au Darfour méritent d’avoir enfin leur audience au tribunal”, a-t-elle ajouté.
“J’espère que le Soudan, avec l’appui du Conseil, engagera un dialogue avec mon Bureau pour discuter de la faisabilité d’une mission de mon Bureau au Soudan dans un avenir très proche pour résoudre ces questions”.
“Face à la recrudescence d’autres crimes graves présumés commis par d’anciens miliciens janjawid qui font désormais partie du CMT- les Forces d’appui rapide (FAR) sanctionnées, qui ont dirigé nombre des exactions qui se sont produites au Darfour, il y a une décennie, la poursuite actuelle des attaques est ” simplement inacceptable “, a-t-elle déclaré.
Les attaques contre les populations civiles au Darfour se sont poursuivies au cours de la période considérée et semblent s’intensifier, a-t-elle souligné.
Les quelque 1,64 million de personnes déplacées à l’intérieur du Darfour demeurent particulièrement vulnérables et la violence sexuelle et sexiste continue de restreindre la liberté de circulation des femmes et des filles, dans les camps de personnes déplacées et les zones de retour “, a-t-elle indiqué au Conseil.
Mme Bensouda a pris note avec préoccupation des informations selon lesquelles les FAR auraient saisi des installations et des biens précédemment détenus par l’Opération hybride Union africaine-ONU au Darfour.
“Dans ce contexte, je soutiens la détermination du Conseil de paix et de sécurité de l’UA de proroger le mandat de la MINUAD pour une période de 12 mois […] ainsi que son rejet de l’appel lancé par le CMT pour que la MINUAD remette des biens aux FAR, et sa demande que ces biens soient remis aux autorités civiles.
Elle a déclaré qu’elle n’hésiterait pas à enquêter sur tout autre crime relevant du mandat de la CPI au Darfour “et, le cas échéant, à engager des poursuites”.
“Avec l’appui de ce Conseil et la coopération des autorités soudanaises, il est maintenant possible de faire de réels progrès dans la recherche de la responsabilité et de la justice pour les victimes de la situation au Darfour. Les violences dont il est actuellement fait état contre les civils au Darfour doivent cesser et tous les suspects de la CPI au Darfour doivent être jugés.
Nous ne devons pas laisser passer cette occasion “, a indiqué Mme Bensouda.
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