Gabon- Sécurité alimentaire-Interview André Jules N’djambe
Par Antoine NKOLO LAWSON
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LIBREVILLE, 31 décembre (Infosplusgabon) – Le président de l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (AGASA), André Jules N’Djambe, explique les conditions de création de cette structure et insiste sur le bien-fondé de cette autorité nationale qui garantira un contrôle officiel et approprié notamment auprès des restaurateurs, des importateurs de fruits et légumes, des entreprises de transformation de viande, de poissons, etc. Selon lui, la nature et l’intensité des contrôles officiels doivent reposer sur une évaluation régulière des risques pour la santé humaine et animale au Gabon.
Le conseil des ministres a récemment redéfini les missions de l’AGASA. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Le gouvernement gabonais a décidé de créer l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (AGASA) et lui a confiée l’évaluation et la prévention des risques nutritionnels, sanitaires des aliments. Elle permettra d’évaluer et de gérer les risques sanitaires et nutritionnels présents dans les aliments destinés à la consommation humaine et animale depuis leur production jusqu’à leur distribution. A ce titre, elle est notamment chargée de donner des avis et une assistance scientifique et technique dans tous les domaines ayant un impact sur la sécurité alimentaire, de protéger la santé et les intérêts des consommateurs tout en garantissant le bon fonctionnement du marché intérieur.
Le Gabon peine à produire ses aliments depuis plusieurs décennies et se trouve contraint de les importer pratiquement sans contrôles sanitaires….
En effet, bien que doté d’une bonne pluviométrie abondante, le Gabon peine à développer une agriculture industrielle. Le pays dépense malheureusement chaque année des sommes faramineuses pour l’importation des produits alimentaires. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime que le pays dépense par an plus de 250 milliards de FCFA pour l’importation de ses aliments.
Bien qu’étant créée le 18 février 2011, l’AGASA vient seulement de tenir son premier conseil d’administration le 25 octobre 2013 pour démarrer ses activités.
Le Conseil des ministres a en effet adopté le projet de décret portant modification de certaines dispositions du décret pris le 18 février 2011 portant création et organisation de l’AGASA et conformément à ce décret, l’Agence a pour mission l’évaluation, la prévention des risques nutritionnels, sanitaires des aliments prend désormais en compte les nouvelles exigences environnementales en étendant clairement ses missions sur des sites de production et sur la chaine de distribution. Les modifications consacrées par le présent texte portent essentiellement sur la nature juridique et le renforcement des missions de l’Agence qui est un établissement public à caractère technique et scientifique.
Quelles seront les principales missions de l’AGASA sur le terrain ?
L’AGASA est chargée, entre autres, de donner des avis et une assistance scientifique et technique dans tous les domaines ayant un impact sur la sécurité alimentaire ; de protéger la santé et les intérêts des consommateurs tout en garantissant le bon fonctionnement du marché intérieur ; de rechercher, recueillir, analyser et résumer les données scientifiques et techniques dans les domaines de la sécurité sanitaire des aliments ; de surveiller les risques pouvant venir des maladies des animaux, des produits phytosanitaires, des médicaments vétérinaires, des insecticides et pesticides à usage agricole et des engrais ; de procéder à l’analyse des perspectives alimentaires résultant de la campagne agricole et à l’identification des zones sinistrées et déficitaires ; et surtout de mener une action d’identification et de caractérisation des risques émergents d’origine alimentaire ; puis de rechercher, analyser et réprimer, le cas échéant, toutes les traces d’éléments contaminants des sols, des nappes d’eaux souterraines, des surfaces et des aliments en vue de proposer aux consommateurs des produits et des denrées sains.
L’information en direction des consommateurs sur vos activités tiendra également une place importante. Leur éducation également.
L’AGASA veillera à informer les consommateurs sur la qualité sanitaire et nutritionnelle des aliments qu’ils consomment mais aussi à d’assurer une veille permanente pour garantir la sécurité alimentaire. Nous allons également nous appuyer sur l’expertise des autres structures spécialisées existantes afin d’évaluer les risques dans notre champ de compétence. L’AGASA va assurer la police sanitaire, l’inspection des denrées alimentaires et d’exercer la police phytosanitaire et la répression des fraudes. Ces actions diverses visent à proposer aux autorités compétentes toute mesure de nature à préserver la santé publique vétérinaire et des avis pour participer et prendre part aux travaux des instances nationales, sous régionales et internationales.
Vous venez de réunir votre premier conseil d’administration et un budget de fonctionnement vous a été alloué.
Effectivement, l’AGASA jouit de l’autonomie de gestion financière. Elle a son siège à Libreville et dispose de représentations sur toute l’étendue du territoire national. Nous sommes placés sous la tutelle technique du Ministère chargé de l’Agriculture. Un budget de 4,367,076 milliards de francs CFA a été adopté pour l’exercice 2014, et plus de 14,165,678,445 milliards consacrés au budget d’investissement du plan pluriannuel. Soit 3.586,708,585 F CFA pour 2014 ; 5,281,708,585 F CFA pour 2015 et 5,297,261,275 F CFA pour 2016. De quoi renforcer la sécurité alimentaire des populations gabonaises, en vue de réduire les risques de maladies encourus par les citoyens.
Comment définissez-vous votre mission d’évaluation et de prévention des risques nutritionnels, sanitaires des aliments au quotidien ?
L’AGASA va évaluer et gérer les risques sanitaires et nutritionnels présents dans les aliments destinés à la consommation humaine et animale, depuis leur production jusqu’à leur distribution. A ce titre elle est notamment « chargée de donner des avis et une assistance scientifique et technique dans tous les domaines ayant un impact sur la sécurité alimentaire, de protéger la santé et les intérêts des consommateurs, tout en garantissant le bon fonctionnement du marché intérieur ».
Les risques de contaminations à partir des aliments vendues dans les rues ou les restaurants non agréés ne sont pas à écarter….
Quelques règles et principes de précaution permettent de réduire les risques pour éviter les contaminations croisées. Le respect de la chaîne du froid, la bonne lecture des étiquettes sont d’un apport non négligeable. Mais nous n’en sommes pas encore là et beaucoup reste à faire sur le terrain et notamment l’instruction civique, les mesures élémentaires d’hygiène auprès des commerçants des quartiers, notamment. Toutefois, pour l’AGASA, la sécurité alimentaire est une préoccupation majeure des professionnels de l’agroalimentaire et des pouvoirs publics. Les normes de sécurité seront dorénavant appliquées.
Une bonne alimentation, c’est aussi un moyen de prévenir les risques de cancer ?
Il est très important d’appréhender la relation entre nutrition et cancer car cela nécessite non seulement de connaître la fonctionnalité des nutriments considérés, mais aussi d’intégrer leur rôle possible dans l’histoire naturelle du cancer. Rappelons néanmoins que la cancérogénèse procède en plusieurs étapes, à savoir les phases successives d’initiation, de promotion, de croissance tumorale et de progression.
L’AGASA va-t-elle garantir les procédures via un contrôle approprié des entreprises de transformation alimentaires ?
Les procédures seront appliquées dans les domaines suivants : conformité des produits d’origine animale aux critères microbiologiques, absence de substances prohibées, de contaminants, ou de résidus chimiques à des taux excessifs, absence de risques physiques tels que des corps étrangers, absence d’anomalies ou d’altérations physiopathologiques, absence de contamination. Nous avons pour mission de garantir un contrôle des entreprises de transformation alimentaires. La nature et l’intensité des contrôles officiels sur toute l’étendue du territoire devraient reposer sur une évaluation régulière des risques pour la santé humaine et animale. Il conviendra de s’assurer, notamment, qu’au moins un vétérinaire officiel est présent tout au long des inspections ante et post mortem.
FIN/INFOSPLUSGABON/MPL/GABON 2013
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