Coronavirus : HRW demande au gouvernement camerounais de faire preuve de transparence sur la gestion de son Fonds de solidarité

Nairobi, Kenya, 13 juin (Infosplusgabon) – Le gouvernement du Cameroun devrait publier immédiatement les informations pertinentes sur les recettes, les dépenses et la gestion de son Fonds de solidarité, a déclaré, vendredi, Human Rights Watch.

 

 

Les établissements de santé du Cameroun ont versé des contributions obligatoires à ce fonds d’urgence pendant plus de 25 ans, a poursuivi l’organisation internationale de défense des droits de l’homme à Nairobi.

 

 

Le gouvernement devrait également débloquer de l’argent provenant de ce fonds pour soutenir les établissements médicaux qui font face à la pandémie de Covid-19, s’il ne l’a pas déjà fait, et ouvrir des enquêtes si une partie de ces fonds a disparu.

 

 

“Le Cameroun est le pays d’Afrique centrale qui connaît le nombre le plus élevé de cas confirmés de Covid-19 et, pourtant, il semble que le gouvernement n’ait pas déboursé d’argent provenant d’un fonds de réserve auquel les établissements de santé ont versé des contributions précisément pour faire face à des situations d’urgence comme celle-ci”, a déclaré Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale à Human Rights Watch.

 

 

“Le ministre de la Santé devrait immédiatement faire en sorte que les sommes versées au Fonds de solidarité pour la santé soient mises à la disposition des établissements médicaux qui ont un besoin pressant de soutien, publier les informations relatives à la gestion de ce fonds et enquêter sur d’éventuelles irrégularités”.

 

 

Depuis 1993, la loi camerounaise exige que les établissements publics fournissant des soins médicaux primaires versent 10% de leurs recettes mensuelles au Fonds de solidarité pour la santé.

 

 

Les hôpitaux sont officiellement exemptés de cette charge, mais des membres du personnel médical ont affirmé à Human Rights Watch qu’ils contribuent également au fonds.

 

 

Ce fonds, qui devrait relever de la responsabilité du ministère de la Santé, a été créé pour servir de réserve financière d’appoint lors d’urgences sanitaires.

 

 

Cependant, à la connaissance de Human Rights Watch, qui a tenté sans succès d’obtenir des informations auprès du gouvernement, aucune information au sujet des règles de gestion de ce fonds ou de ses activités n’a été publiée, ce qui le rend vulnérable à la corruption et aux détournements.

 

 

Human Rights Watch s’est entretenu avec huit membres du personnel médical, soit six médecins et deux infirmières, avec trois avocats et avec plusieurs représentants d’organisations non gouvernementales locales réparties dans tout le Cameroun, entre le 6 avril et le 24 mai 2020.

 

 

Toutes ces personnes ont affirmé n’avoir aucune information concernant des décaissements du Fonds de solidarité pour la santé.

 

 

Les prestataires de santé ont indiqué qu’ils pensaient que le gouvernement n’a jamais déboursé d’argent de ce fond, même pour lutter contre la Covid-19, et pourtant les établissements médicaux continuent d’y contribuer à hauteur de 10% de leurs recettes.

 

 

Human Rights Watch a également écrit, le 11 mai, au ministre de la Santé pour s’enquérir des règles de gestion du fonds et de ses activités, mais n’a pas reçu de réponse.

 

 

Le Cameroun avait enregistré 8 681 cas confirmés de Covid-19 et 208 décès à la date du 9 juin, la majorité de ces cas étant survenus dans les villes de Yaoundé et Douala.

 

 

Le nombre réel de cas est très probablement plus élevé, car les capacités de dépistage sont limitées, souligne Human Rights Watch.

 

 

Fin mars, le gouvernement a demandé aux citoyens de contribuer à un Fonds spécial de solidarité nationale, qu’il a créé pour fournir un appui supplémentaire aux efforts déployés pour limiter la propagation de la Covid-19 et pour soigner les malades.

 

 

Il a également reçu un financement d’urgence de 226 millions de dollars du Fonds monétaire international (FMI).

 

 

Pour l’organisation de défense des droits de l’homme, l’absence apparente de recours à ce fonds pour faire face à l’actuelle crise sanitaire et économique suscite de graves inquiétudes sur la possibilité que l’argent ait été mal utilisé ou détourné par corruption.

 

 

Les contributions des ménages du Cameroun aux coûts des soins de santé placent le pays au troisième rang parmi les nations d’Afrique sub-saharienne, où la moyenne se situe à 34%.

 

 

Human Rights Watch invite le gouvernement du Cameroun à faire d’urgence la lumière sur l’utilisation de l’argent du fonds et indiquer si une partie a été perdue du fait d’actes de corruption ou de détournements, et établir des règles claires et des exigences de transparence afin d’éviter que cela se reproduise à l’avenir.

 

 

“Pendant près de 30 ans, les Camerounais ont versé beaucoup d’argent à ce fonds et ils devraient pouvoir compter dessus maintenant pour les aider à surmonter cette pandémie”, a dit M. Mudge.

 

 

FIN/ INFOSPLUSGABON/AZS/GABON2020

 

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