Harare, Zimbabwe, 27 août (Infosplusgabon) – Alors que le président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, fêtait ce lundi sa première année au pouvoir, l’organisation internationale de défense des droits de l’homme, Amnesty International, a sévèrement critiqué sa présidence marquée par une violation systématique et brutale des droits humains.
Elle se traduit notamment par la répression violente des manifestations et une chasse aux sorcières contre les personnes osant s’opposer à son gouvernement.
La situation économique et sociale de nombreux Zimbabwéens s’est également dégradée au cours de ces 12 derniers mois, a constaté Amnesty International dans un communiqué.
En raison de la mauvaise santé de l’économie, le prix des carburants est monté en flèche et la forte inflation a fait flamber les prix des denrées de base comme le pain mais aussi amoindri les revenus des citoyens.
“Ce que nous observons au Zimbabwe depuis l’arrivée au pouvoir du président Emmerson Mnangagwa, ce sont des attaques impitoyables contre les droits humains, notamment contre les libertés d’expression, de réunion et d’association de plus en plus réduits et considérés comme des crimes”, a déclaré Muleya Mwananyanda, directrice adjointe d’Amnesty International.
“Les autorités affichent un mépris flagrant pour les libertés fondamentales et ont montré qu’il n’y a pas de place pour la différence d’opinion dans la Nouvelle pratique du pouvoir. A maintes reprises, elles ont eu recours aux mêmes tactiques brutales que celles qui étaient employées par le prédécesseur du président Mnangagwa, Robert Mugabe, pour réprimer l’exercice des droits humains”, a-t-elle ajouté.
Amnesty International note que la semaine dernière, des policiers armés de matraques ont attaqué violemment des manifestants pacifiques qui s’étaient rassemblés à Hararé en vue des manifestations nationales du “16 août” contre la dégradation de la situation économique et sociale dans le pays.
Cette attaque a fait de nombreux blessés. Jeudi 15 août, avant le rassemblement, la police zimbabwéenne avait annoncé l’interdiction des manifestations par le biais d’un communiqué de presse, en affirmant qu’elles seraient marquées par des violences.
Après la manifestation avortée, 128 activistes ont été arrêtés et placés en détention. Des manifestations prévues ont été également interdites dans quatre autres villes du pays.
Au début de l’année, Amnesty International a publié des information faisant état de 15 homicides imputables à la police dès le début des manifestations contre la hausse du prix des carburants, qui ont commencé le 14 janvier.
Les autorités ont procédé à des arrestations massives, des centaines de personnes ont été placées en détention pour divers chefs d’accusation dont celui d’incitation à la violence publique. A la fin avril, près de 400 personnes avaient été condamnées par la justice, la plupart à l’issue de procès expéditifs.
Selon Amnesty International, lors des manifestations, la police a eu recours à une forces excessive meurtrière, en utilisant des gaz lacrymogènes, des matraques, des canons à eau et des balles réelles.
Elle a également lancée une chasse aux sorcières visant les organisateurs des manifestations et d’autres éminents dirigeants et militants de la société civile. Certaines des personnes arrêtées – parmi lesquelles Evan Mawarire, pasteur et militant local bien connu, et le syndicaliste Peter Mutasa – font encore l’objet de poursuites fallacieuses pour trahison à la suite des manifestations.
Le ministère public a inculpé un nombre record de 22 personnes pour tentative de déstabilisation d’un gouvernement constitutionnel dans le cadre de ce mouvement.
Les personnes soupçonnées d’être liées aux mouvements de protestation ont été pourchassées tout au long de l’année.
Des militants des droits humains continuent d’être victimes d’enlèvements et d’actes de torture visant à les empêcher de s’exprimer librement. Le 21 août, l’humoriste Samantha Kureya a été enlevée par des hommes masqués à son domicile et torturée après avoir publié un sketch sur la violence policière.
“Pendant sa première année de mandat, le gouvernement du président Emmerson Mnangagwa montré peu de respect à l’égard des droits humains et de l’Etat de droit, dans la continuité de la tendance observée du temps où Robert Mugabe était au pouvoir”, a déclaré Muleya Mwananyanda.
“Alors qu’il entame sa deuxième année d’exercice, le président a l’occasion de repartir sur de nouvelles bases en prenant immédiatement des mesures pour que son gouvernement mette fin aux attaques croissantes contre les droits humains et à l’impunité pour les violations des droits humains. Nous l’appelons à construire un Zimbabwe doté d’une culture du respect des droits humains de toutes les personnes”, a-t-elle exhorté.
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