Tripoli, Libye, 13 juin (Infosplusgabon) – Les charniers découverts à Tarhouna, à 120 km au Sud de Tripoli, dernier bastion des forces du maréchal Khalifa Haftar, dans l’Ouest de la Libye, ont suscité une grande préoccupation, aussi bien des autorités locales que des organisations internationales, révélant les énormes violations des droits de l’homme commisses dans les zones qui étaient sous contrôle de Haftar.
Une situation qui a poussé le Gouvernement d’union nationale à agir pour faire toute la lumière sur ces décès, qui s’apparentent à des exécutions extrajudiciaires.
Lors de la prise de la ville de Tarhouna, le 5 juin dernier, par les forces de l’armée loyale au Gouvernement d’union nationale des mains des troupes de Haftar, plus de 100 corps ont été découverts dans la morgue de l’hôpital de la ville portant des traces de balles et de tortures.
Cette macabre découverte a été suivie par d’autres relatives à des charniers en divers endroits de la ville, dévoilés jour après jour, rappelle-on.
Dans ce cadre, le ministre de l’Intérieur du Gouvernement d’union nationale, Fathi Bachagha, s’est rendu, jeudi, dans la ville de Tarhouna et a rencontré le directeur de la sécurité et un certain nombre d’officiers de la direction pour s’enquérir des efforts de sécurité entrepris par l’opération “Pays sûr”, lancée par le ministère il y a quelques jours pour sécuriser les régions reprises aux partisans de Haftar.
Au cours de la visite, M. Bachagha a affirmé que la ville de Tarhouna “sera dans les meilleures conditions”, notant que “la force préparée par le ministère de l’Intérieur supervisera l’ouverture de toutes les institutions de service au citoyen pour la normalisation de la vie”.
Il a ajouté avoir donné des instructions pour gérer les opérations de sécurité et la Force de dissuasion spéciale afin fournir du carburant, superviser sa distribution et maintenir la sécurité dans la ville.
Evoquant la multiplication des charniers, M. Bachagha a souligné: “Nous recherchons tous les charniers pour identifier les corps et les remettre à leurs familles”, rappelant “la nécessité de ramener la sécurité dans la ville”.
Le ministre de l’Intérieur a, par ailleurs, lancé un appel aux habitants de Tarhouna pour qu’ils retournent dans leur ville, leur assurant qu’ils “jouiront de la sécurité, étant donné que Tarhouna sera une ville sûre qui contribuera à la stabilité de la Libye sans recourir à des règlements de comptes qui ne seront autorisés”.
M. Bachagha s’est engagé à rétablir la sécurité dans la ville de Tarhouna “pour devenir une force dans l’État libyen, qui s’acheminera à un pas sûr et rapide vers le progrès et l’avancement”, saluant “tous les efforts déployés par les services de sécurité à l’intérieur de la ville en frappant avec une main de fer quiconque veut porter atteinte à la sécurité et à la stabilité du pays”.
Au cours de la visite, le ministre de l’Intérieur était accompagné du directeur du Département général des opérations de sécurité et de son assistant, du directeur du Département central d’appui général, du directeur du Bureau de l’information et du suivi du ministère, du directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur, du chef du département de l’application des lois de la section de Tripoli de l’administration générale des opérations de sécurité et d’un certain nombre d’officiers du ministère.
On note que les ministères de l’Intérieur et de la Justice du Gouvernement d’union nationale ont commencé à enquêter sur une deuxième fosse commune trouvée dans la ville de Tarhouna ces derniers jours, dans le contexte une grande attention accordée au niveau international aux charniers, alors que des demandes “d’enquête rapide et transparente”ont été faites”.
C’est le cas de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL) qui a exhorté les autorités du pays à mener une enquête en vertu du droit humanitaire international et à faire comparaître les auteurs devant la justice.
L’ambassade des Etats-Unis a exprimé son soutien aux efforts des autorités libyennes pour faire la lumière sur ces chantiers à travers une enquête exhaustive.
Le ministère de la Justice a, rappelle-t-on, annoncé la formation d’une commission d’enquête dotée de larges pouvoirs, supervisée par le procureur général, spécialisée dans les opérations d’ouverture de fosses communes, de découverte des restes et des lieux de leur disparition et de conservation des corps non identifiés jusqu’à ce qu’ils soient identifiés.
On rappelle que le Comité mixte de surveillance et de documentation des violations des droits de l’homme au ministère de la Justice du Gouvernement d’union nationale a affirmé qu’il continuera de rechercher les responsables de ces “atrocités”.
“Nous avons suivi nos équipes de surveillance, après avoir extrait un certain nombre de corps de charniers et de puits abandonnés dans la ville de Tarhouna et ses environs, après sa libération”, a ajouté le Comité, notant que “plus de 100 corps ont été retrouvés à l’hôpital de Tarhouna (…)”.
Pour sa part, le ministère de l’Intérieur, qui a accusé les forces de Haftar d’avoir commis ces meurtres, a souligné qu’il continuera de rechercher “tous les charniers”, après la visite du ministre de l’Intérieur, Fathi Bachagha, la ville de Tarhouna, où il a ordonné aux forces de sécurité “rechercher tous les charniers pour identifier les corps et les remettre à leurs familles”.
Pour sa part, le surveillant général de l’hôpital général de Tarhouna, Bourawi al-Bouzidi, a confirmé la découverte de plus de 160 corps après le retrait des forces du Haftar de la ville.
Il a déclaré après une visite des médias l’hôpital que “le nombre de corps qui se trouvaient à l’intérieur la morgue de l’hôpital était de 160, et la plupart d’entre eux ont été transportés à Tripoli et Misrata par le Croissant-Rouge et en présence du ministère public en vue de leur identification”.
Il a ajouté qu’un certain nombre de corps étaient présents à l’hôpital depuis de nombreux mois, sans préciser si les corps appartenaient à des civils ou à des hommes armés.
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